lundi 29 avril 2013

Trail du Roc de la Lune - Un petit pas pour le trailer!


Levé à 5h du matin, je vois que ma voiture est recouverte de givre... Pas très engageant pour aller courir près de 4h, mais en préparant mon attirail, j'ai prévu le nécessaire pour le froid. Et puis ce n'est pas la météo qui m'inquiète le plus, mais le dénivelé annoncé de 1800m... Lorsque je pars pour St-Jean du Bruel dans l'Aveyron, il est 6h15, un dimanche... pfff, y'a que les tarés de traileurs pour faire çà... Après 2h de route, j'arrive dans ce joli village qui n'est pas encore bien réveillé à l'exception des organisateurs qui s'affairent sous les halles du centre! Je vais récupérer mon dossard, pars me préparer et m'échauffer en faisant quelques tours dans les petites ruelles du village. A 9h30, le départ est donné et il y a très peu de participants (66)... bizarre... la météo peut être? Pourtant le temps est propice à la course à pied...
Le village de St-Jean du Bruel

On débute par un faux plat montant sur route. Je pars en milieu de peloton avec les premiers en point de mire, l'avantage d'être peu nombreux! Après 1km, on bascule dans le vallée de la Dourbie et on récupère une monotrace qui longe la rivière. C'est particulièrement beau, mais escarpé et glissant. D'ailleurs en voulant prendre des photos en courant, je ne vois pas une belle plaque de schiste humide et je me prends une pelle mémorable... le téléphone vole, je me fais une belle entorse au doigt... çà c'est du démarrage... bravo...
La Dourbie
Après 3km, la première ascension débute. Au début en fond de vallon, c'est roulant mais ultra-étroit, j'appelle çà une demitrace... je cours plié en quatre... pas évident, d'autant que çà revient sur moi... J'insiste pas et je laisse passer quelques costauds dont celle qui finira 2nde féminine. On attaque ensuite le gros de la montée avec des passages en épingles jusqu'à la Brunelerie. Là, je bois un verre d'eau et en profite pour reprendre 2 places. Plus loin, je bascule dans la descente avec un coureur (qui finira 2ème V3), un large chemin forestier qui se rétrécit et devient une monotrace très technique dans laquelle je peux m'amuser. On rejoint vite la Dourbie qu'on traverse sur une petite passerelle submersible avant de remonter sur le hameau du Tayrac.
La Dourbie
Après un court passage à flanc de coteau, on attaque une montée ultra-raide (30/40%). Les mollets et les quadris sont mis à rude épreuve... ceux qui ont des bâtons ne peuvent même pas s'en servir... impossible de les planter tellement c'est escarpé et glissant... on s'aide des mains pour gravir ce mur et atteindre le premier ravito. Je prends un gel, un grand verre d'eau et quelques pâtes de fruit, et c'est reparti dans un long faux plat montant où je commence à sentir le froid qui descend des hauteurs... je bénéficie d'un peu de répit dans la petite descente qui suit avant d'attaquer la vraie bonne grimpette.
Dans la bruyère

Cà commence par une portion taillée à la machette dans la forêt pour déboucher dans un champ de schiste, de genêts et de bruyère. La pente est très raide au début et s'adoucit à mesure de l'altitude prise. On suit la crête et je vois tout les coureurs se retourner pour admirer le paysage. Et il y a de quoi c'est magnifique! L'ascension se poursuit sur un chemin large duquel la vue porte loin vers le sommet du Pal où j'aperçois de la neige! Je rattrape une concurrente du 60km accompagnée de son chien qui me suit quelques instants avec sa langue bien pendante et son souffle chaud!


Vue sur St-Jean
Juste avant le sommet, un ravito en eau est présent, j'en profite pour remplir une gourde, prendre un gel et discuter avec un autre concurrent du 60km qui semble assez usé (et ce n'est que la mi-parcours pour eux...). Je lui souhaite bon courage et je repars dans la neige pour atteindre le sommet du parcours à 1147m. Superbe point de vue, rendu presque dramatique avec les nombreux nuages chargés qui pèsent sur nos têtes. A peine le temps de souffler qu'on est renvoyé dans la descente... et quelle descente!!! C'est droit dans la pente et çà glisse... je me retrouve à plusieurs reprises sur les fesses... il n'y a pas de sentiers... la trace a été faite à la tondeuse... mais pas n'importe comment! Je pense que les organisateurs ont monté une tondeuse en haut et l'ont lâché dans la pente jusqu'en bas, taillant tout sur son passage, bruyère, genêts, arbuste,... J'ai les cuisses en feu et çà descend encore... je manque louper quelques balises, ce qui arrivera d'ailleurs à plusieurs coureurs à cet endroit. Lorsque j'arrive en bas de cette infernale descente, je n'ai plus de jus... impossible de récupérer dans de telles conditions. Logiquement, la remontée qui s'en suit fait figure de parcours de croix... j'entends derrière que çà fulmine devant cette difficulté et il y a de quoi! Ce large chemin remonte droit sur la crête qu'on a quitté précédemment! Cette portion, descente à Fontfreige et remontée au Mont Rainal, est en effet nouvelle et n'était pas au programme en 2012. Elle rajoute ainsi 2km à l'ancien parcours et 300m+... c'est pas rien!
Le sommet du Pal
Lorsque j'arrive enfin sur la crête, je vois mon prédécesseur courir en sens inverse sous les quelques flocons de neige qui commencent à voleter dans l'air... il me dit qu'il n'y a plus de balises après, qu'on s'est trompé de chemin... Pourtant, je viens de croiser une rubalise et je suis persuadé qu'on longe cette crête un instant avant de replonger vers le ravito. On discute un instant et je le persuade de continuer un peu sur la crête. On finira par apercevoir une balise après plusieurs centaines de mètres, mais c'est vrai qu'un ou deux rubans de plus n'aurait pas été de trop à cet endroit... Après un descente en terre bien roulante, on rejoint le second ravito sous une pluie fine qui ne nous quittera plus jusqu'à l'arrivée. Tuc, pâtes de fruit, eau, je résiste au whisky qu'on me propose et c'est reparti.

Un peu de neige fraîche
Petite montée à travers les genêts puis çà redescend dans un vallon ultra humide et boueux. La trace dans la forêt a été taillé à la serpe, il faut se gaffer pour éviter les branches, ronces, souches et autres ornières qui nous barrent la route. Plus bas, le sentier est devenu un torrent d'eau boueuse, heureusement j'ai subi un bon entrainement en Auvergne pour ces conditions glissantes, ce qui me permet de franchir l'obstacle sans problèmes. Puis c'est la dernière montée vers le col de Lavaur. Un long faux plat montant se profile dans un forêt de pin, mais je n'ai plus beaucoup de jus et j'ai du mal à tenir un pas de course. J'alterne avec une marche rapide, mais pas suffisante pour contenir le concurrent qui revient, celui là même j'ai guidé sur la crête et avec qui je joue au yoyo depuis la grande montée du Pal. Sous le col, un petit ravito en eau est possible. Cà tombe à pic, il me reste mon gel "boost"! Je l'avale espérant qu'il me donnera suffisamment de jus pour reprendre le concurrent devant qui ne s'est pas arrêté. La pluie se fait plus insistante lorsque je passe au col, je commence vraiment à avoir faim et surtout froid! Le début de la descente finale n'est pas très roulant. Il faut pousser sur les gambettes pour avancer et c'est difficile à ce stade du parcours. La pente se fait enfin plus importantes et surtout je récupère une monotrace technique! Parfait, juste ce qu'il me faut pour reprendre un peu de temps sur mon prédécesseur. D'ailleurs, le voilà au loin! Cible en vue, y'a plus qu'à! Je lâche la bride, et donne tout dans le bas de la descente. Je le passe finalement à moins d'un kilomètre de l'arrivée juste avant le petit replat qui mène au stade où est donnée l'arrivée. Je finirai avec des débuts de violentes crampes, mais je conserverai ma place au passage sur la ligne! 3h50 d'efforts, 35ème sur 66 partants.
Dernier aperçu depuis la crête
A l'arrivée, l'animateur vient m'interviewer! Incroyable! Il me dit même que j'ai pas l'air fatigué... euh... si, si je suis cuit... Après cet interlude médiatique, je vais me ravitailler à l'abri de la pluie. J'ai juste le temps d'avaler quelques tranches de saucisson que le vainqueur du 60km, Patrick Bringer, arrive! Il semble à peine entamé... pourtant il vient de parcourir 60km et 4000m D+...
Je rejoins ma voiture et file vers le camping où on peut prendre des douches chaudes! Puis de retour au village, je vais assister à la remise des prix au chaud dans la salle des fêtes où un méga repas est servi. Après l'effort, le réconfort! Cette maxime a bien été respecté par les organisateurs! Organisation qui d'ailleurs a été vraiment bonne, souriante, chaleureuse! Un bel évènement dans un beau coin de nature. J'y reviendrais probablement, j'espère avec plus de membres du Cévennes Trail Club (à ne pas confondre avec le Céven'Trail ou PVEN du Vigan... à bon entendeur...).

Bilan positif pour moi. Je ne m'étais pas vraiment fixé d'objectif sur cette course, ne sachant pas trop comment j'allais réagir face à ce gros dénivelé. Au final, il est plutôt bien passé et je me rassure sur ma capacité à enchaîner les montées sèches auxquelles j'aurai à faire face sur l'Hortus.


La trace : 27km et 1600m D+

5 commentaires:

Jphi a dit…

Belle course Romain ! Et très bon CR ! On apprend plus en galérant et en allant au bout de ses forces qu'en se "baladant" !
Bravo !

Anonyme a dit…

Merci Romain pour ce récit sur notre Trail saintjeantais du Roc de la Lune. Ta trace GPS m'intéresse tout particulièrement: je n'avais pu enregistrer les derniers changements sur le terrain et les cartes de présentation que l'on vous a concoctées n'étaient pas tout à fait exactes. Peux-tu s'il te plait me faire passer ton fichier gpx via http://traildurocdelalune.blogspot.fr/ ?
Bruno, pour mieux vous accueillir l'an prochain

Romain a dit…

Bonjour,
Voici un lien pour la trace : http://www.openrunner.com/index.php?id=2443847

Denis C a dit…

Oui à l'année prochaine Romain ....je suis le coureur "yoyo" du PVEN....CEVEN'S TRAIL....pour info nous aussi nous avons un super trail (trois distances)11, 21 et 58 (costaud)....pour en revenir à la course c'est vrai qu c'était un super parcours que je recommande et que je vais certainement refaire.....

Romain a dit…

Bonjour Denis,
Oui je connais bien les trails du Vigan. J'ai fait le 21km en 2013 et j'ai tellement pris mon pied que je vais m'inscrire au 58km en 2014! Gros défi, mais je vais bien me préparer!
Concernant le Roc de la Lune, il y a de grandes chances que je refasse le 27km en 2014 en espérant une météo un peu plus clémente!
Au plaisir de se recroiser!